L’APPROCHE SPIRITUELLE DES RELIGIONS : UNE RICHESSE

L’approche spirituelle présente beaucoup de richesses que la religion, à mon avis, ne comble pas forcément. On peut dire en effet que la spiritualité offre une approche de dialogue avec le transcendant qui peut être vécue comme un réconfort. La prière est dans ce sens quelque chose de révélateur.

Concernant le rapport de la religion à la question du mal, on peut penser que la spiritualité est dans une démarche plus humble. Cette idée de dialogue et de réconfort n’est pas forcément dans une démarche trop ambitieuse. On peut en effet considérer que la religion a une démarche qui semble aller plus loin : idée de sauvetage de l’humanité, etc. Des mouvements comme le soufisme apportent, par des voies comme la danse, une approche très particulière. C’est dans cet esprit qu’on peut considérer que la spiritualité peut permettre d’apporter une démarche plus humble, qui est plus réaliste vis-à-vis de la réalité du monde.

Calvin défendait que l’enfer se trouve sur terre, et qu’il fallait œuvrer pour améliorer les choses. Si la plupart des calvinistes ne croient plus en grande majorité (heureusement) à la théorie de la prédestination, cette approche semble pertinente. Elle n’est d’ailleurs pas forcément contradictoire avec l’idée luthérienne de la foi seule et du fait qu’on est sauvés par la grâce de Dieu. C’est pour cette raison qu’on peut considérer que la spiritualité est un moyen de prendre en compte la complexité de la démarche religieuse vis-à-vis de la complexité du monde. Cette démarche peut avoir plusieurs approches : le catholicisme croit à l’idée de bonnes œuvres ; le protestantisme, notamment par Luther, combat cette approche ; le judaïsme considère que le croyant doit contribuer à préparer l’avènement du messie. Ces démarches peuvent s’effectuer sur le temps long et la spiritualité peut permettre d’y progresser.

D’autres approches se font différentes. Le bouddhisme vise à atteindre le karma qui est l’absence de douleur. Il met en place un certain nombre de voies pour y arriver. C’est la raison pour laquelle on peut considérer que cette démarche peut avoir un certain nombre de richesses. Cela a pourtant été combattu. Par exemple des philosophes comme Jacques Maritain veut redonner de la force aux idées fondatrices de la foi catholique, en réhabilitant les idées de Thomas d’Aquin qui adaptait les idées d’Aristote (notamment celle du premier moteur) à la foi chrétienne. D’autres, comme Etienne Gilson, ont pour idée de combattre l’idée « d’humanisme athée ».

Cette approche spiritualiste peut s’éloigner d’approches qui sont typiquement religieuses, comme le rôle des ecclésiastiques. Par exemples les prêtres sont considérés comme plus élevés que les fidèles dans la transmission du message divin. Chez les chiites l’imâm a un rôle majeur. D’autres approches, comme celle des sunnites et des protestants, considèrent les imams et les pasteurs avant tout comme des théologiens et des enseignants. Pour cette raison on peut dire que l’individualisme de ces confessions est plus affirmé dans le système (ce qui bien sûr ne se retrouve pas forcément chez les fidèles). Dans cette optique on peut affirmer que l’approche spiritualiste est plus liée à une forme d’individualisme et de libéralisme au sens classique du terme. Les franciscains par exemple ou les dominicains sont des mouvements qui voulaient revenir à la source d’une démarche spirituelle authentique.

Cet aspect sera également abordé par le mouvement jésuite, dont le fondateur Tirso de Molina inventera les exercices spirituels. Ce mouvement, fondé pour donner au monde catholique la possibilité de faire concurrence avec succès intellectuellement aux idées réformatrices, prendra cet aspect en compte. De la même façon le Centre Sèvres, qui sera fondé en 1970, qui va mettre en avant le double enseignement de la philosophie et de la théologie, mettra en avant la spéculation métaphysique, qui est souvent considéré comme lié à la spiritualité. Cela montre que cet aspect de la religion est pris réellement en compte dans les combats d’idées.

Ces éléments montrent bien que la démarche spirituelle devrait être plus remise en avant, à une époque où les radicalités religieuses reviennent sur le devant de la scène. Cela est dû en partie, à mon avis, à un besoin d’identité vu le contexte de médiocrité intellectuelle que l’on constate dans bien des endroits, dans les écoles ou les médias par exemple. La démarche exigeante qu’une approche spirituelle permet peut contribuer à faire avancer les choses sur ce terrain. Il peut aider à combattre un formalisme excessif qui imprègne beaucoup trop la société d’aujourd’hui.

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