QUAND DES VIEUX PROBLEMES RESSURGISSENT

La période dans laquelle nous vivons, sur bien des plans, montre que les vieux problèmes ressurgissent. Cela s’applique tant au progrès scientifique qu’aux relations internationales ou encore à la montée des intégrimes religieux.

Les rivalités religieuses ont ainsi beaucoup structuré les relations internationales. Il y a eu longtemps une rivalité entre les pays latins, catholiques, et les pays de culture protestante. Cela s’est retrouvé dans les luttes entre Chrétiens et Musulmans. Même les nombreuses persécutions contre les Juifs peuvent se situer dans un contexte de ce type. La philosophie a beaucoup théorisé l’idée du rapport de forces. Spinoza disait que c’était ce qui structurait la société. De la même façon Hobbes, qui parlait de « l’homme comme un loup pour l’homme », parlait de déléguer la loi à un souverain. En réalité le capitalisme, tel que décrit par Marx, résulte de ce rapport de forces. La division du travail, qui existe depuis l’apparition du chasseur-cueilleur, résulte de ce rapport.

La montée même de la Chine peut être rapprochée de la dialectique du maître et de l’esclave de Hegel. Les Chinois se sont faits « esclaves » de l’Occident en devenant « l’usine du monde », mais a acquis des compétences de plus en plus poussées et sont aujourd’hui à la pointe du progrès scientifique. Cette situation est évidemment très dangereuse : comme disait Condorcet, les sciences sont le seul domaine qui ne possède pas de limites. C’est probablement une grande différence à terme avec l’Islamisme radical, qui méprise le progrès scientifique, et qui est de fait bien moins dangereux pour l’Occident et nos valeurs démocratiques.

Ces relations montrent que de vieux problèmes philosophiques sont totalement remis à l’ordre du jour. Les vieilles civilisations renaissent. De Gaulle disait que « le peuple russe avalera le communisme comme le papier boit le buvard ». De même des problématiques philosophiques comme la valeur morale des sciences, le sens et la direction à accorder au progrès scientifique, etc, sont de nouveau d’actualité. Quel contraste avec la fin de l’histoire, un peu trop vite annoncée par Fukuyama. Le choc des civilisation de Huntington, en revanche, s’est révélé d’une grande capacité d’anticipation.

D’autres problématiques ressurgissent aussi. Par exemple celui de l’esprit de conquête. On peut voir que la conquête implicite du monde de la Chine se rapproche de la manière dont même les idées, par exemple, ont toujours cherché à conquérir. Ainsi le Christianisme a pour vocation d’être prosélyte (« allez prêcher parmi toutes les nations ») tout comme l’Islam ; le Judaïsme cherche à préparer le retour du Messie à la fin des fins. Les philosophies ont souvent cette idée, si on prend l’angle idéologique. Cet esprit de conquête, par ailleurs, a souvent un objet international. Les langues ont ainsi souvent un esprit de conquête. Ainsi Luther disait que les « langues sont le fourreau qui contient une grande partie du savoir humain ».

La période dans laquelle nous vivons montre que l’histoire ne sera sans doute jamais terminée avant que la fin de l’espèce humaine. De nombreuses questions philosophiques et théologiques restent d’ailleurs d’actualité. La révolution scientifique dans laquelle nous vivons, l’émergence de l’Asie comme moteur économique majeur mondial, le déclin relatif de l’Occident, ou même la nouvelle « guerre des étoiles » qui est en train d’émerger, la montée des intégrismes religieux prouvent que les vieilles problématiques historiques ressurgissent de façon fulgurante.

Laisser un commentaire