Les nouvelles élections présidentielles laissent un parfum étrange. En pleine période du coronavirus qui songe véritablement à une telle échéance ? Pourtant un certain nombre de faits majeurs semble conduire au fait que ces élections peuvent conduire à un renouveau de la politique au sens noble du terme.
L’ascension de la Chine est par exemple un événement d’ordre historique. Il s’agit d’un événement d’une importance majeure. Henry Kissinger disait dans les années 1970 que, sur la durée, la Chine était plus dangereuse que l’Union Soviétique. Son diagnostic s’était révélé vrai. D’ailleurs le parallèle avec le début du XXème siècle est étonnant. Le Moyen Orient d’aujourd’hui joue le rôle des Balkans de l’époque, un rôle de poudrière ; l’Europe était le centre du monde, comme la zone Pacifique aujourd’hui. Et l’Allemagne était en pleine ascension, menaçant l’Angleterre, comme la Chine menace les Etats-Unis aujourd’hui. Et le coronavirus laisse un parfum très particulier, qui semble menacer l’ordre des choses.
Comment aborder les élections présidentielles dans ce contexte si singulier ? Il semble que l’on doive, à mon avis, retrouver plusieurs fondamentaux.
- Une certaine fermeté du point de vue de la question des droits de l’homme et des droits fondamentaux. Nous devrions nous inspirer de Clémenceau, qui se montrait impitoyable tant avec les anti-dreyfusards que l’Allemagne impériale. Selon moi mieux vaut tenir une ligne dure avec les dictateurs et autres « totalitaires ». L’esprit munichois ne fonctionne pas. Et comme le disait Benjamin Franklin, « ceux qui sacrifient la liberté pour la sécurité ne méritent ni l’un l’autre et n’auront au final ni l’un ni l’autre ». Les élections présidentielles devraient avoir ces principes fondamentaux réaffirmés.
- Une politique en faveur des classes moyennes. Nous devrions retrouver des valeurs plus « keynésiennes » qui favorisent les classes moyennes. Le néo-libéralisme a montré au final la médiocrité de son fonctionnement. L’investissement massif dans l’éducation, l’innovation et la recherche devraient être des axes prioritaires qui paieront sur la durée.
- Tirer des leçons de la montée du communautarisme. Sartre disait déjà que la montée de l’antisémitisme était le fait de la bourgeoisie en déclassement qui cherchait un bouc émissaire. Aujourd’hui les replis identitaires sont liés à cela.
Ces différents facteurs montrent que les élections doivent revenir sur des débats de fonds fondamentaux. Quel projet de société avons-nous pour l’avenir ? Quelle place donner à la France au XXIème siècle ? Sommes-nous capables d’avoir une vision collective à long terme ? Nous devons retrouver un esprit de « démocrates athlétiques », comme l’évoquait John Dewey, et avoir l’attitude de Saint Paul, « athlète de Dieu », qui courait sans discontinuer vers ses idéaux. Si une grande partie de la classe politique est, hélas, corrompue, la politique au sens noble doit rester. Comme disait Aristote, « l’homme est un animal social », et nous devons garder un esprit d’engagement envers la cité. Et nous pouvons même embrasser l’amor fati de Nietzsche dans cet esprit d’engagement.
On peut espérer que les élections présidentielles peuvent apporter des débats de fonds importants, dans la fièvre de l’époque. Crise des Gilets Jaunes, coronavirus, prise éventuelle du pouvoir par la Chine… Tant de facteurs qui incitent à retrouver le sens de l’engagement citoyen.