PREPARER DAVANTAGE L’AVENIR DANS L’EDUCATION : UNE NECESSITE

Nous vivons dans une période dangereuse. Le niveau d’éducation a énormément baissé ces dernières années, comme l’alphabétisation par exemple. Pourtant elle est indispensable pour accéder à la spécialisation du travail. Cette problématique est ancienne. Platon, dans les Lois, parlait de l’importance de l’éducation pour pouvoir perfectionner son art. De la même facon Kant parlait de ce sujet dans son opuscule qu’est ce que les lumières. Cette approche de la division du travail est d’ailleurs nécessaire au progrès et transcende les civilisations. Traditionnellement les Chinois aiment se concentrer sur ce qu’ils savent faire pour exploiter le « potentiel de situation ».

Dans cette approche on peut dire que l’éducation est un moyen de construire l’avenir. Et c’est une notion qui a été bien trop souvent oubliée, notamment en Occident. Construire l’avenir est indispensable dans nos sociétés. D’ailleurs construire sur le temps long est un leitmotiv qui revient très souvent. Selon Alain Badiou l’idée de se baser sur le temps long est fréquent chez de nombreux artistes et penseurs. Cette approche du temps long se retrouve également en théologie : le Judaïsme est basé autour de l’idée de préparation, puisque l’on prépare la venue de Messie, et que Dieu se met en retrait pendant ce temps.

Cette approche est aujourd’hui très oubliée en Occident. En France, les nombreux professeurs maltraités et méprisés sont un exemple. Nous sommes bien loin des Hussards de la République qui devaient éduquer les masses. Ce manque de respect est sans doute un signe de décadence civilisationnel et de médiocrité intellectuelle. Pourtant le cours de l’histoire semble suivre une logique implacable, puisque c’est aujourd’hui vers l’Asie que se tournent des classes moyennes de plus en plus éduquées et diplômées. Préparer l’avenir a été une philosophie qui s’est avérée une brillante réussite en Chine. Et notre court termisme un échec lamentable sur le sujet en France ou aux Etats Unis.

Alors que des masses éduquées sont de plus en plus indispensables à l’époque de l’intelligence artificielle et de la révolution informatique, nous faisons des choix irresponsables qui risquent de nous coûter très cher. La révolte des Gilets Jaunes est un avertissement terrible qui semble au final (une fois de plus) de pas être vraiment pris en considération par les classes politiques. Mais nous sommes plus proches d’intrigues de cour que dans les vertus de Caton chez les Romains (non les hommes d’Etat n’ont pas besoin d’être cyniques pour faire réussir et développer leurs pays, l’Antiquité le montre à plusieurs reprises).

Ce refus de tracer des perspectives et de préparer l’avenir est une erreur qui peut nous coûter historiquement très cher. L’éducation devrait être une des priorités nationales mais on se passionne bien plus pour les petites phrases de politiques ou de lunettes oubliées par Jean Castaix. Mais la petitesse de nos préoccupations fait souvent peur. Pendant que la Chine fait la course en tête dans l’intelligence artificielle et se passionne pour l’alunissage d’une de ses fusées, fait inédit depuis 1969, la France ne s’émeut pas des conséquences de son classement catastrophique en mathématiques et se passionne pour les petites phrases de ses politiciens. Pas étonnant que les vainqueurs d’hier soient bien partis pour être les vaincus de demain.

Le réformateur Zwingli est souvent représenté avec un livre et une épée. Signe que les révolutions se font souvent par l’esprit et la force. On trouve hélas bien trop souvent dans notre société que la deuxième option. Victor Hugo disait aussi « ouvrez des écoles et vous fermerez des prisons ». Il semble n’avoir pas été suivi, le surpeuplement des prisons semble être une illustration terrible a contrario de cette phrase. Mais de façon plus générale ce délaissement de l’éducation, ce refus de préparer l’avenir et de penser à long terme, semble bien un symptôme de vraie décadence. Montesquieu, dans son livre de la cause de la grandeur et de la décadence des Romains, parlait de la montée de Rome dans une civilisation austère et travailleuse. Nous en sommes malheureusement dans l’autre versant, avec une dette hallucinante par exemple. Et l’état de l’éducation nationale en France l’illustre. Une bien triste réalité !

Laisser un commentaire